La question de la disparition des dinosaures est maintenant résolue. On savait que l’impact d’un astéroïde d’au moins 10 kilomètres de diamètre dans l’actuel golfe du Mexique, il y a 66 millions d’années, avait causé l’extinction des trois quarts du monde vivant, dont les dinosaures. Mais la nature exacte du phénomène provoqué par la météorite Chicxulub restait matière à débat. Selon une étude publiée ce lundi 30 octobre dans Nature Geoscience, l'hiver mondial meurtrier qui a suivi pourrait être à l'origine de la poussière soulevée par le gros caillou au moment de son impact sur la surface de la Terre.

Selon les théories les plus récentes, le soufre dégagé par l'impact ou la suie dégagée par des incendies colossaux avait bloqué la lumière du soleil et plongé le monde dans un hiver prolongé. Une équipe de géoscientifiques de l’Observatoire royal de Belgique à Bruxelles, a réexaminé les conséquences de cet épisode et a redonné du souffle à une théorie antérieure : ce sont plutôt de fines poussières de silice, du sable pulvérisé, qui auraient persisté dans l’atmosphère quinze années durant et obscurci le ciel durablement.

Pour arriver à de tels résultats, les chercheurs ont trouvé et identifié des particules de poussières de 0,8 à 8 micromètres provenant de l'impact d'un astéroïde dans le Dakota du Nord, aux États-Unis. Les géoscientifiques ont déterminé que ces poussières avaient joué un rôle beaucoup plus important qu'estimé en entrant leurs données dans des modèles climatiques similaires à ceux utilisés aujourd'hui. Selon les simulations, les trois quarts de la quantité de matière projetée dans l'atmosphère étaient des poussières, 24 % étaient du soufre et seulement 1 % étaient de la suie.

Selon Ozgur Karatekin, coauteur de l'étude, ces particules de poussière ont « complètement empêché la photosynthèse » chez les plantes pendant au moins une année, entraînant un « effondrement catastrophique » de la vie. La surface de la Terre a également subi un refroidissement brutal en raison de l'obstruction presque totale de la lumière solaire. Les températures mondiales auraient alors chuté de 34 °C, passant de près de 19 °C à -15 °C, selon les scénarios.

Cem Berk Senel, responsable de l'étude, affirme que nous devons approfondir nos connaissances sur les causes du refroidissement global et de la perte de photosynthèse afin de mieux comprendre les mécanismes exacts de destruction qui ont suivi l'impact de Chicxulub. Il se félicite que les simulations paléoclimatiques montrent pour la première fois une suppression de l'activité photosynthétique pendant deux ans et un hiver d'impact induit par la poussière pendant 15 à 20 ans. Le brouillard sur les causes de cet hiver dramatique semble donc se dissiper. Une chose est certaine : le froid a tué les dinosaures.


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